Et me voilà à Sumatra pour la fin de mon séjour, jusqu'au 2 septembre. J'arrive le 19 août au soir à Medan par la voie des airs.
Note préalable : à l'heure où je vous écrit, je suis à Bordeaux et dans un amphi, et ça fait plus d'un mois que je suis rentrée.
+ j'ai voulu m'essayer à un style un peu plus littéraire et détaillé pour raconter de manière plus pittoresque un petit épisode banal parmi tant d'autres oubliés de mon voyage.
photo : pematang-siantaronline.blogspot.com |
Après m'être assoupie malgré le bruit, j'ouvre un oeil, me redresse et scrute le paysage qui défile par la fenêtre du bus, un vieux bus économique au confort très basique. Je préfère presque ces sièges en bois recouverts de tissu troué, mes voisins fumeurs et les fenêtres ouvertes à ces bus sur-climatisés aux gros fauteuils mous prêts à te filer la crève en quelques heures. En tout cas pour trois heures de trajet. Medan-Siantar...
Le nom des échoppes qui jalonnent la route m'indique leur adresse et donc la ville, donc à peu près où le bus se trouve par rapport à ma destination. D'après mes calculs et selon les dires de Mita mon hôte, je devrais arriver à Siantar d'ici 10 minutes. Pourtant le nom figure déjà partout. Brève interrogation à mon voisin de devant.
-"Siantar ya ?
- Ya."
Ok. Je ne sais pas où, combien de temps ni de fois le bus s'arrête dans cette ville du pays Batak, ni où on vient me chercher. Il est donc l'heure de ranger le pull et les 2-3 affaires roulées en boule en guise d'oreiller dans le petit backpack Quechua de 50L.
Toujours éviter d'éparpiller les affaires quand on change de lieu. Portable et porte-monnaie à portée de main. J'ai grave envie de faire pipi.
Avant de bouger, j'appelle Mita comme convenu pour savoir où m'arrêter. Ah... apparemment fallait descendre à Pasar Burung, un marché que j'ai vaguement vu défiler par la fenêtre, 15 minutes avant. Je fais donc signe au chauffeur de s'arrêter et saute du bus (sans porte) sac au dos, au bord d'une petite intersection bondée où défilent piétons, minibus, scooters et marchants ambulants et bordée par des étals, cafés et commerces. Téléphone toujours à la main, je cherche à savoir comment le lieu s'appelle pour informer Mita.
-"Je suis à....
-"France Bakery !" me souffle une jeune souriante. Effectivement, face à moi se dresse une boutique bétonnée d'un assez mauvais goût. laissant deviner à l'intérieur des étalages de pâtisseries occidentales.
Devrais-je prendre un bus dans l'autre sens pour revenir à Pasar Burung ? Les passants m'indiquent un loket, petit abri qui sert de gare routière, de l'autre côté de l'intersection. On me fait une place sur un tabouret en plastique dans la petite cabane surpeuplée. Mita me rappelle pour me dire de rester sur cette intersection, que son mari va finalement venir me chercher en scooter. Bon point pour moi, je quitte le loket en estimant 5-10 min d'attente avant que ledit scooter arrive.
Il devait être 10h du matin. Sachant qu'ayant vaguement bien dormi à l'aéroport la nuit précédente -sur un une banquette puis un canapé après un vol arrivé à 23h et pris le bus à 6h du mat -... un café et des toilettes seraient les bienvenus.
Depuis mon arrivée les curieux (soit une majeure partie des gens) ne quittent pas une miette de la scène. Je fuis les regards qui me regardent crapahuter d'un bout à l'autre de l'intersection, il y en a trop, malgré la bienveillance. Certains m'interpellent : "Où veux-tu aller ?" je réponds sans hésitation : "aux toilettes !" sur un ton fatigué, un peu énervé mais souriant. On m'indique un bouiboui en face de la France Bakery. Parfait. Je retraverse donc le carrefour une dernière fois, arrive, demande les toilettes. Les habitués assis devant m'indiquent un cabanon, amusés. Sans poser mon backpack, je fonce avant de revenir m'affaler à une chaise en plastique basse face à une table pour commander un café.
Il va falloir appeler la serveuse, ce qui me vaut 10 secondes de réflexion pour me souvenir de l'appellatif régional. En Indonésie on interpelle rarement les gens par leur nom, on utilise des appellatifs selon l'âge et le respect dû. Mais c'eut été trop facile si c'étaient les mêmes partout*...
- "Kak ! Kopi susu satu ya."
Et là bien sûr tous les gars de la table se retournent (Les filles trainent rarement dans les cafés. Question de culture...). Oui, une blanche parle indonésien et c'est rare. S'en suivent les questions habituelles. Je voyage pour un mois ici, et j'ai appris l'indonésien à la fac en France. Sourire de mes interlocuteurs.
Le café arrive après 5-10 min. Un vrai bon café de Sumatra dans une grande tasse en verre, laissant deviner une belle couche de lait concentré au fond. Mais là encore, ça prend du temps. Il faut tout remuer pour mélanger le lait, et attendre que le marc décante avant de boire.
Je n'aurai pas le temps de finir mon chouette café. Le scooter du mari de Mita est déjà là. Et hop, on dégaine 5 000 rp pour la serveuse, on rebalance le backpack sur ses épaules, on dit au revoir aux habitués qui m'ont donné des bonbons au sucre de coco, et on enfourche le scooter, direction un kampung plus reculé à 20min, sur une nouvelle route un peu plus bosselée, pour quelques nouveaux jours dans l'inconnu, avec un mélange d'excitation et confiance en l'avenir. Toujours !
photo : garama-parraya.blogspot.com |
Prochain article : Récit 2 jours dans une plantation de palmiers à huile !
*les gens ici ne sont pas appelés de la même manière qu'à Makassar ou Java. C'est ma première journée à Sumatra depuis 2 ans et ici, pour les gens de mon âge ça donne Kak pour les filles et Bang pour les garçons (ce qui équivaut à "frère" et "soeur")
Hey Camille !! Ton récit fait super plaisir à lire et ta description du bus me fait sourire tant elle me fait penser aux ônibus d'ici, à Salvador de Bahia (Brésil) où je passe 7 mois bien au chaud ! Chaque trajet est une aventure ! Si tu as le temps et la connection, dans tes péripéties, voilà mon propre blog : http://marineacamizade.blogspot.com.br/
ReplyDeleteBisous et bon voyage !!